vendredi 22 mars 2013

Cochin d'Inde

Petit Cochin d'Inde trop mignonnet (© Amandine)

Du 2 au 5 mars 2013


De Mysore à Cochin, nous changeons d’état en passant du Karnataka au Kérala, nous changeons aussi d’état d’esprit puisque nous quittons l’industrieuse et fastueuse Mysore pour rejoindre la bohème Cochin, grande ouverte sur l’océan.
Nous passons 4 jours paisibles à Cochin et nous y sentons tout de suite comme à la maison même s'il faut y affronter des records de température depuis le début du séjour.
Cochin s’appuie sur son riche passé pour se projeter vers l’avenir, à la recherche d'un équilibre entre tradition et modernité, comme nous allons le voir dans cet article.

Comme un symbole de Cochin: filets traditionnels et industrie portuaire...
1. Cochin la traditionnelle

Une fois n’est pas coutume, à la descente du bus nous donnons sa chance à un monsieur qui nous propose de loger dans sa guesthouse, il a une bonne tête et il est 6 heures du matin donc on le suit, et là banco : bien qu’un peu excentrée, la chambre est grande et propre, le tout pour moins de 10 euros, ce qui n’est pas fréquent en Inde du Sud.

Une seule promenade dans les rues de Cochin suffit pour comprendre que cette ville a vu passé la terre entière : palais hollandais, filets de pêche chinois, synagogue, église, mosquée, tombeau de Vasco de Gama, entrepôts des compagnies britanniques, marchands d’épices de toute l’Inde… La ville est un bazar à ciel ouvert et les étrangers sont rapidement comme chez eux dans cette cité à taille humaine.

Filet de pêche chinois, aussi appelés carrelets chinois si l'on veut utiliser un terme plus technique

Pour le faire fonctionner il faut tirer sur des cordes avec des pierres au bout et ainsi créer un mouvement de balancier

Amandine vs. Cédric pour pêcher les poissons, on remarque tout de suite celui qui se donne à fond!

Les petits poissons attrapés

Les petits calamars attrapés

Synagogue de Cochin

L'intérieur de l'église où fut inhumé Vasco de Gama à sa mort en 1524
Et le tombeau (pas très impressionnant!) dans lequel
Vasco n'est resté que 14 ans avant son rapatriement à Lisbonne

Locaux du parti communiste de Cochin : le Kérala est le premier état au monde à avoir  élu librement un gouvernement communiste en 1957 (toujours réélu jusqu'à aujourd'hui), la politique socio-économique mise en place a été couronnée de succès (91% d'alphabétisation, 73 ans d'espérance de vie soit 10 de plus que la moyenne indienne, taux de mortalité infantile cinq fois plus faible que la moyenne nationale) et le Kérala est selon le prix nobel d'économie Amartya Sen "L'Etat le plus socialement avancé d'Inde"...
Bizarrement le taux de suicide et la consommation d'alcool sont aussi les plus élevés du pays, comme quoi tout n'est jamais complètement rose!

Affiches de film partout dans les rues


 
Mais que va-t-il faire avec son poisson sur le dos ?!
Ouverte au monde, Cochin n’en est pas moins une vraie ville indienne fière de ses traditions, pour nous en rendre compte nous assistons à une représentation théâtrale de Kathakali, théâtre sans paroles où les positions des corps permettent à un œil averti de décrypter les sentiments et actions des personnages... Bon comme on a eu une explication avant le spectacle et que l’intrigue est relativement simple (le gentil et le méchant se battent et à la fin c’est le gentil qui gagne) on arrive à suivre et on apprécie le spectacle…

Séance de maquillage avant le spectacle
Le gentil/Le neutre/Le méchant
Mais là où on ressort vraiment subjugués c’est quand on va voir une démonstration d’art martial kéralais, c’est hyper précis et rapide, on sent que les gars sont à fond et que la moindre erreur peut faire mal, ça saute dans tous les sens, se jette au sol, se bat à coup de bâtons ou d’épées, se fait des prises d’immobilisation en deux secondes, bref on s’amuse bien !

Attention, grande innovation pour cet article, on tente de vous mettre une vidéo!





2. Cochin l’avant-gardiste

Ville d’échange mais pas vile marchande, Cochin cultive son âme d’artiste : pour éviter de seulement vivre de son riche passé, Cochin organisait la première biennale d’art contemporain en Inde tout pile pendant notre séjour…

Bon soyons honnêtes, après avoir arpenté la quasi-totalité des sites d’exposition, nous n’avons pas été particulièrement bouleversés par les œuvres présentées, l’art contemporain a ceci de gênant que le recours au concept sert parfois à masquer les défauts d’exécution, le manque d’idée originale ou la banalité du sujet ou de la représentation… Est-ce que ça veut dire qu’il faut tout jeter ? Bien entendu non. Est-ce que ça veut dire que parfois on a un peu l’impression qu’on se moque de nous ? Franchement ça arrive…

Nous vous présentons les plus belles installations que nous avons vues:

Oui à gauche, ce sont des échelles, c'est l'oeuvre présentée

Alors pour rendre hommage aux gros pipoteurs de l’art contemporains, nous avons-nous aussi réalisé notre œuvre d’art, après tout pourquoi pas ?

Nous sommes très fiers de vous présenter « Vacuité aquatique et réclusion »:

Vacuité aquatique et réclusion, CedAmand2013
« Dans cette œuvre, l’artiste a voulu représenter le néant emprisonné en chaque homme contemporain en utilisant comme support un objet d’usage courant. La transparence permet de constater le vide, l’absence de la matière aquatique initiale, qu’on peut aussi assimiler à un liquide amniotique. Cette vacuité est dramatisée par les bouchons fermés, symboles de réclusion, l’effet étant renforcé par l’ombre de bras qui ne saisissent finalement rien.
Cette œuvre pose une question ontologique, rendue plus prégnante dans une ère qui impose la transparence : l’homme est-il condamné à n’être qu’une enveloppe vide et artificielle, de plus séparé de ses semblables et comme emprisonné ?
L’artiste a été inspiré par un sentiment de révolte vis-à-vis de la société consumériste qui tourne le dos à la nature réelle de l’homme et tend à le vider de sa substance pour l’enfermer dans un rôle d’objet. »

Voilà ce qu’on aurait pu dire d’une photo de bouteilles vides dans notre chambre si on était des artistes contemporains un peu escrocs, nous précisons bien artistes contemporains escrocs et pas escrocs d’artistes contemporains, ne mettons pas tout le monde dans le même panier ! D’ailleurs il n’est même pas forcément juste de les traiter d’escrocs puisque la plupart ne font que se conformer à ce qu’on attend d’eux : comme si l’œuvre ne pouvait pas se suffire à elle-même, on demande à l’artiste de l’enrober avec du mauvais marketing… Que deviendrait l'artiste qui refuserait ce fonctionnement?

Malgré tout cette biennale est une excellente initiative qui permet de découvrir des lieux habituellement fermés au public et d’animer la vie culturelle locale autrement que par des spectacles traditionnels. En plus à cette occasion il y avait plein de peintures murales dans les rues de Cochin et ça c'était très très sympa:






D’ailleurs quand nous retournons une dizaine de jours plus tard à Cochin, nous tombons sur une exposition que nous trouvons formidable, comme quoi il ne faut pas désespérer !

Kashi Art Café
Exposition temporaire (K S Radhakrishnan), ça on adore et il n'y a même pas de petits panneaux pour expliquer les œuvres!
Au final, Cochin est une très belle étape qui augure bien de notre séjour au Kérala…

Et le petit coucher de soleil traditionnel avant de quitter Cochin

Et c'est reparti pour la suite du voyage!!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire