samedi 31 janvier 2015

Patagonie Partie 2 : L'argentine fait le bonheur

Rappel des faits

HissezhautSantiago-unecartavalée-ledétroitdemagellanexistevraiment-despingouinstropmignons-untrekdeouf-desbusfantômes-uncondorquinouscherchedesnoises-leChilic'estfini-Argentinanousvoilà


Le trajet du Chili à l'Argentine
Nous n'aurons mis que 3 heures de plus
que le temps de transport prévu!...

31 décembre 2014: arrivée à El Calafate

Quand la lumière chaude de la fin d'après-midi enveloppe la plaine d'un brouillard lumineux, notre bus glisse sur la bande d'asphalte tirée entre les herbes jaunes. 
La route est fine et droite comme le ruban avec lequel on mesure un saut en longueur, de part et d'autre nul obstacle au regard.

Nous ne dormons pas malgré la fatigue, les passages de frontières furent laborieux (barrières plus absurdes encore dans ces espaces ouverts) mais nous allons depuis sans à-coup à travers la plaine ; çà et là un guanaco nous accompagne un moment en courant, seul ou avec ses congénères, un large canyon vient creuser la perspective, de hautes montagnes se dressent à l'horizon tandis que quelques puissants bovins s'égaillent dans des espaces si grands qu'on n'en voit pas les bornes.
Le soleil joue avec le bus et offre un spectacle d'ombres et de lumière pour fêter à sa manière le dernier jour de l'année, moment privilégié et donc fugitif (à moins que ça ne soit l'inverse).

Arrivée en Argentine, le reflet de notre bus dans la plaine...

Dans cette douce ambiance, nous ne prêtons pas attention à un drôle de bruit venant des soutes, un léger ronflement, LE CONDOR (il ne va pas tarder à se réveiller) !
Car il faut revenir à la réalité quand le bus rejoint El Calafate, il est déjà 22 heures 15 et nous n'avons pas d'hôtel… En effet nous sommes ici un jour plus tôt que prévu à cause de nos mésaventures avec les bus ! 

Armés d'un plan relativement sommaire de la ville nous nous mettons en quête de l'hôtel dans lequel nous avons une réservation pour le lendemain, en nous disant qu'ils ne vont pas nous laisser dormir dans la rue : après avoir évité l'attaque d'un chien sûrement excité d'en haut par le condor (les chiens peuvent être assez agressifs par ici puisque des touristes se sont déjà fait sérieusement mordre, ce que nous ignorons à ce moment) et fait quelques détours (le tout lestés de nos sacs et de la fatigue accumulée), nous arrivons enfin à bon port... Et sommes accueillis comme de la famille par les gérants de l'hôtel, la dame nous en trouve un autre (certes un peu cher et excentré) pour la nuit et le monsieur nous y conduit avec sa propre voiture ! 

Il est 23 heures passées, nous sommes quelque peu épuisés mais après tout c'est le 31 décembre donc nous quittons vaillamment notre chambre et, pour gagner le centre-ville, descendons la colline sur laquelle est juché notre hôtel.
Depuis notre retour du trek, notre alimentation se compose de barres de céréales et de fruits secs, nous ne sommes donc pas très exigeants au moment de chercher à nous mettre quelque chose sous la dent : une crêpe, un cookie, un hot-dog, un kit-kat, un écureuil grillé ou une aile de condor feraient l'affaire… 

Mais foin du suspense nous n'aurons rien de tout cela, et ce pour deux raisons : d'abord il n'y a que de vrais restaurants qui sont en fin de service et ne veulent pas nous accueillir (aucun étal de rue pour ceux qui veulent simplement croquer quelque chose rapidement), ensuite nous n'avons pas le moindre peso en poche et le distributeur ne fonctionne pas (nous faisons connaissance avec le fabuleux système bancaire argentin avec lequel nous n'avons pas fini de lutter). 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 Bonne année 2015 ! 

Les familles du coin sortent faire tirer quelques feux d'artifices un verre à la main, pour la bouillonnante ambiance argentine on repassera mais c'est tout de même sympathique... Retour à l'hôtel, il est possible que nous soyons endormis avant même d'avoir fini de poser la tête sur l'oreiller.

1er janvier 2015 : Perito Moreno (mi corazon)


Direction le Perito Moreno
Le creux de nos estomacs est une bonne caisse de résonance pour les premiers bruits du matin (les murs semblent faits de papier crépon) et nous écartons donc les couvertures relativement tôt, le soleil est déjà levé depuis plus de deux heures (mais comme il se lève à 5h30, ça ne signifie pas que nous avons lambiné…), la nouvelle année peut officiellement commencer par un copieux petit-déjeuner. 

Rassérénés, nous filons en ville tirer de l'argent (il faudra faire trois distributeurs pour en trouver un qui accepte de nous donner des pesos), organiser notre excursion du lendemain (patience nous en parlerons le moment venu) et prendre nos repères dans la ville d'El Calafate (pas de bâtiments remarquables mais une sensation d'espace avec ses larges avenues et un centre accueillant).

De retour à l'hôtel, nous commandons un taxi pour nous emmener au glacier Perito Moreno, à quelques 80 kilomètres d'El Calafate, la plaine est progressivement remplacée par la forêt et la route, d'abord en ligne droite, se  fait plus sinueuse à mesure que nous approchons du but, comme pour retarder le moment où le Perito Moreno se dévoilera. 

Et au détour d'un virage la voilà cette colossale muraille de glace, la monstrueuse langue descendant de la montagne pour lécher le lac, les arêtes et les crevasses de son dos s'achèvent brusquement en une falaise lisse en apparence et dont les efforts pour avancer encore se brisent avec éclat.

Premier point de vue sur le Perito Moreno,
déjà so impressive!
Admirable spectacle qu'un système de passerelles dévoile tout entier sans pudeur : après un moment de stupeur devant un tel phénomène (comme si, à l'instar d'un appareil photo, il nous fallait du temps pour faire la mise au point), nous parcourons en tout sens le chemin métallique qui nous offre tous les points de vue possibles sur le glacier. 

De temps à autre, la chute de gros blocs de glace fait pousser des exclamations à l'assistance et c'est un jeu plaisant que de deviner d'où viendra le prochain craquement pour se préparer à capturer l'instant fugace... Nous nous surprenons même à courir sur les passerelles pour avoir un meilleur point de vue sur une chute imminente !

Enorme, magnifique!

En haut à droite un bateau (gros pourtant!)
 qui paraît tout petit petit…
Pour vous donner une idée de la taille du glacier!



Enorme bloc de glace se détachant du glacier,
ça valait bien un petit sprint dans les passerelles!

A peine le temps d'engloutir deux empanadas que nous voici dans le bateau qui nous mène tout près du glacier, dans le ciel nul condor, l'air est rafraîchi par l'énorme masse de glace du Perito Moreno qui nous domine de ses 60 mètres de hauteur, dans le ciel nul condor, les nuages se dispersent sous l'action de quelque vent et libèrent des pans de bleu, dans le ciel nul condor...


Depuis le bateau,
on se rend encore mieux compte de la hauteur
Hiiiiiiii




Il nous faut revenir à El Calafate, revenir à la réalité, nous sommes encore comme sous le coup d'un enchantement alors que nous rejoignons notre hôtel, les bagages nous attendent dans la chambre, nos hôtes nous indiquent les bons restaurants de la ville et nous dînons plus agréablement que la veille (ce qui n'est certes pas un exploit)...


2 janvier 2015: Upsala (I dit it again)

Il faut parfois faire comme tout le monde : il n'y a qu'un seule manière d'admirer des glaciers fascinants et des icebergs titanesques (en espérant qu'ils ne soient pas titaniquesques), c'est de prendre l'un des gros bateaux affrétés par l'unique compagnie qui a le droit de circuler dans le Lago Argentino, situé dans le Parc National des Glaciers... 

Nous voilà donc de bon matin, brinquebalés dans un bus avec plein d'autres touristes, jouant des coudes pour prendre nos billets au guichet avec plein d'autres touristes, cherchant une place dans le bateau plein d'autres touristes et nous battant pour les places offrant les meilleures vues avec plein d'autres touristes.

Ça c'est pour l'aspect un peu pénible, mais sur l'autre plateau de la balance nous pouvons placer de nombreux icebergs d'un bleu profond ou d'un blanc éclatant, des cascades scintillant dans le soleil, des glaciers qui ne peuvent laisser froid… 




A gauche, un bateau (pour l'échelle!)

Nous commençons par slalomer entre de gros blocs de glace pour nous diriger vers le glacier Upsala, l'approche est plus impressionnante que le glacier lui-même et les icebergs sont comme une poésie de l'éphémère : nés d'un fracas, ils dérivent immobiles, se consument lentement et sans feu, leur déchéance magnifique s'ourle d'arabesques oniriques et bleutées. 
A nouveau nous sommes saisis par un tel spectacle et pourrions nous oublier dans la contemplation, malheureusement il faut bientôt quitter Upsala et mettre le cap vers Spegazzini, l'autre grand glacier du lac.


Le sens du cadrage quand on demande une photo à la mauvaise personne… amazing!
Navigation parmi les icebergs
avant l'arrivée au glacier Upsala
Cadrage un peu mieux réussi que le précédent!

Glacier Upsala

Spegazzini se distingue par sa hauteur : avec ses 135 mètres (hauteur maximale!!!!), c'est un véritable géant, un ogre de glace ou un yéti malicieux qui aurait roulé en boule depuis le haut de la montagne, il dresse ses pointes de glace dans le ciel bleu comme ces lézards à collerette qui veulent intimider... Et intimidés nous le sommes devant une telle muraille, à l'abri sur notre bateau nous frissonnons de plaisir (et aussi un peu de froid) dans le vent, alors que le bateau prend cette fois la route définitive du retour…

Où est le gros bateau?









A nouveau il nous faut quitter l'onde légère pour retrouver la ville et le pas trainant de la civilisation : la recherche de distributeurs qui fonctionnent (nous ne sommes pas les seuls dans ce cas mais regrettons beaucoup de ne pas avoir emporté suffisamment d'euros à changer), l'organisation de la journée du lendemain et du transport pour notre destination suivante (nos amis de l'hôtel sont une aide précieuse), la quête d'un restaurant acceptant la carte bleue (heureusement que la nourriture est savoureuse et le vin généreux)... Nous devons faire pas mal d'effort pour maintenir le condor de la lose à distance respectable mais jusque là nous y arrivons !

La queue au distributeur (et il n'y en a qu'un petit bout!)
(et où se cache Amandine?!)

3 janvier : La cabalgata fantastica 

Para bailar la pampa se necesita un bueno caballo ! 

Nos mésaventures avec le bus du 1er janvier (ou plutôt faudrait-il parler de l'absence de bus) ont un effet positif : nous bénéficions d'une journée supplémentaire à El Calafate ! La région étant magnifique nous n'avons que l'embarras du choix pour nous occuper (car au risque de surprendre, nous avons décidé de ne pas rester inactifs...), c'est finalement la perspective de chevaucher à travers la plaine patagonienne qui nous a séduit…


Après la Namibie, le Mexique, la Bolivie et la Nouvelle-Zélande, c'est la cinquième fois que nous montons à cheval depuis que nous sommes adultes... Là le condor ne fait pas le poids, nous pouvons nous estimer très chanceux.

Et d'autant plus chanceux que nous arrivons dans une hacienda posée au milieu d'une plaine colorée à quelques 40 kilomètres d'El Calafate, que nous sommes accompagnés par une guide très chouette qui, ayant vu que nous ne sommes pas effrayés, propose rapidement de faire du galop, que nous ne sommes que quatre à faire la balade et que nos camarades sont de sympathiques français en voyage de noces, que le midi nous dégustons de délicieux steacks cuits au feu de bois en buvant de la Quilmes (la bière argentine), que partout où porte le regard nous ne rencontrons que des paysages superbes, bref que c'est le bonheur !

Petit guanaco trop mignon!!!!!!!

Et pas farouche en plus!!!
Cédric le cavalier de l'extrême
(presque) seuls au monde


Barbecue du midi,
à peu près 700g de viande par personne!




Et une petite vidéo de nous galopant dans la plaine patagonienne!!! Yihaaaaa!
(Vitesse réelle)



Seul petit accroc : le maudit condor a sans doute profité de la pause du midi pour ronger la sangle des sacoches de notre guide puisqu'alors que nous étions sur le chemin du retour, la sangle se rompt tout à coup, le cheval effrayé part en un éclair dans des ruades qui obligent notre guide à sauter au sol pour se protéger ! La bête fuit ensuite au grand galop vers l'hacienda, obligeant la guide a rentrer à pieds, moindre mal qu'elle doit à son bon réflexe quand le cheval est devenu incontrôlable…

Oui oui la guide est à pied puisqu'elle a perdu son cheval...
Nous sommes un peu choqués mais puisqu'elle prend la chose avec philosophie voire légèreté, cela ne trouble pas notre journée et nous profitons jusqu'au bout de la balade, au milieu des champs de graminées, des vaches, des ibis, des chevaux et sous un beau soleil qui ne parvient pas à troubler l'ombre du condor.


Ibis
Juste :D
Le soir est le dernier à El Calafate, première étape argentine qui nous a permis à la fois de réparer nos forces après le trek, de profiter de paysages parmi les plus impressionnants qu'il nous ait été donné de voir et de poursuivre la lutte avec le condor… 
La prochaine étape sera aussi la dernière en Patagonie : El Chalten nous voilà!