samedi 15 février 2014

La fleur et la pierre

Florence: du 13 au 15 juillet 2013
Saint-Pétersbourg: du 28 août au 1er septembre 2013

C’est du Kuala Lumpur International Airport que nous reprenons le récit de nos périples, deux heures de répit entre un vol de 12 heures et un autre de 10... La Nouvelle Zélande se mérite et se paie en heures de vol (22, donc) et de décalage horaire (12, comme ça pas besoin de régler sa montre...) !

Mais ne nous plaignons pas car l’occasion est belle de rattraper notre retard et de rendre compte de nos deux voyages de l’été 2014 : et si le chemin pour la Nouvelle Zélande passait par Florence et Saint-Pétersbourg ? 

Toutes deux sont des villes-mirages, de celles dont la première idée s’est forgée très tôt avec pour instruments les contes et les romans, si bien qu’à l’âge adulte on est surpris de s’en approcher sans les voir se dissiper, ces Atlantides... 

Florence
Saint-Pétersbourg
La première fois que j’avais eu cette sensation c’était à Veracruz, au Mexique, car oui Veracruz n’est pas qu’un nom évoquant le grand large et les bouges à matelots, les passions mortifères et la poudre d’antiques canons... Il est bien possible d’y entrer et d’y séjourner, comme invité au milieu d’un roman de flibustiers.

Angkor ou Venise sont d’autres villes-légendes, de celles dont l’image flotte en nous depuis le temps où l’on oscillait encore entre histoires à dormir debout et prémices de science ; des reportages photos ou des dessins les ont inscrites là où il devient sacrilège de projeter une lumière trop crue.

C’est que ces lieux, comme  Florence et Saint-Pétersbourg, sont nimbés d’une lumière plus tendre, celle de l’enfance et des rêves : on y entre comme on passerait de l’autre côté d’un miroir, on les vit comme un retour, on les découvre comme un souvenir.

Saint-Pétersbourg
Florence
Florence d’abord, trois jours qu’il serait vain de narrer par le menu : nous avons eu le sentiment de retrouver une ville que nous n’avions pourtant jamais vu autrement qu’en songe, on se sent tout de suite chez soi dans cette cité à taille humaine où les rues forment le fil d’un chapelet d’églises dont il suffit de pousser la porte pour trouver des trésors. 



D’ailleurs il n’est même pas nécessaire d’ouvrir les portes : l’art s’affiche directement dans la rue et le marbre de Raphael répond au bronze de Donatello dans un cadre de brique rouge qui n’a pas bougé depuis des siècles.




Faut-il y voir une ville-musée ? Non car les Italiens.

La ville est calquée sur eux : ce sont les Florentins eux-mêmes qui ont créé ce décor, la main de l’Etat a été devancée par celle du bourgeois et ils ont les manières de celui qui a bâti sa maison, on ne se sent pas étranger au milieu de son oeuvre... 
Après tout il fallait peut-être la sensualité d’une femme de Florence pour que Botticelli songe à sa Vénus et on retrouverait sans peine aujourd’hui l’adolescent dont Raphaël fit un David... 



Nos cousins, nos presque-frères, nous n’avons rien à changer à nos habitudes (ou presque) pour nous installer dans la vie florentine et nous ne nous sentons pas vraiment étrangers : même en marchant pour la première fois sur ces pavés, nous sommes comme de retour...



Ainsi le moment du départ n'est pas réellement un au revoir car nous pouvons promettre sans crainte de revenir à Florence, maintenant que nous nous sommes assuré qu’elle existait vraiment...



En passant de Florence à Saint-Pétersbourg, on quitte la province pour la capitale, l’initiative individuelle est supplantée par l’effort collectif : là où Florence la bohème bourgeoise déroule sa longue chevelure de rues entrelacées, Saint-Pétersbourg est une reine des glaces dont la coiffe de palais ne laisse rien dépasser...

Tout d’abord posons le contexte : le temps étant un meunier qui ne dort jamais, le grain des trente ans de Cédric a fini par arriver, et c’est par une merveilleuse surprise qu’Amandine a honoré ce qui à notre échelle est tout de même un événement.

Cédric ne découvre notre destination que dans l’avion, ayant soigneusement fermé les écoutilles dans l’aéroport pour préserver la surprise. 

Et la surprise fut plus que belle : les flots d’un bleu dense de la Neva forment l’avenue la plus large de cette cité de canaux, on croit lire dans le quadrillage parfait des rues que la cité de Pierre fut conçue d’un trait de géomètre et les palais colorés semblent les enfant d’un unique architecte...





Saint-Pétersbourg perd-t-elle en charme ce tribut payé à l’unité ? Nous ne le pensons pas, surtout quand on a la chance d’arpenter la ville sous un doux soleil d’été. Car il y a une fièvre de poète dans cette capitale qui ne l’est plus : Pouchkine et Dostoïevski ont vécu ici et cela suffirait à faire prendre l’âme à n’importe quelle cité...

Appartement de Dostoïevski
Et Saint-Pétersbourg n’est pas n’importe quelle cité : les dômes des églises percent un ciel de palais dont le plus fameux, l’Ermitage, déroule sa longue façade vert pâle au bord de la Néva, réservant son entrée à une vaste place à la romaine, et abrite l’un des plus beaux musées du monde... 


Musée de l'Ermitage vu de l'extérieur
Musée de l'Ermitage, l'intérieur!
Matisse
Gauguin
Les canaux sont le réseau de veines qui donnent vie à la cité, les palais se relèvent d’un trop long abandon et leurs façades vives sont parfois un trompe-l’oeil masquant un intérieur défraîchi et d’autant plus poétique.




Et les Russes ? Et bien en nous gardant toutefois de généraliser, nous avons été très agréablement surpris par l’accueil : dans les hôtels, restaurants et musées mais aussi dans les rues quand nous avions besoin d’un renseignement, nulle trace de cette agressivité ou de cette méfiance qu’on peut craindre a priori. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’ils sont particulièrement sympathiques, que les femmes se caractérisent par leur distinction ou que nous n’en n’avons pas vu un seul la bouteille à la main dans la rue mais ils sont tout de même loin de leur image patibulaire (mais presque).

Nous sommes bien en Russie!
Nous profitons à plein de ces quelques jours et c’est au rythme de nos pas que se déroule la partition élégante et savante de Saint-Pétersbourg...




Fêter ses 30 ans dans la cité de Dostoïevski, siroter un cocktail sur un toit entre ciel et terre, partager plus que ces moments avec la femme de sa vie, que demander de plus ?


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