Du 9 au 11 février 2013
Bombay-Aurangabad |
Après Bombay et à l’issue d’une longue hésitation, nous
rejoignons deux sites estampillés « Patrimoine mondial de l’Unesco »,
Ellora et Ajanta.
Quatre constats majeurs pour cet article:
1. Mayur nous avait prévenus que c'était un peu loin, il avait raison
2. Aurangabad, la ville la plus proche, nous semblait sans
grand intérêt, nous avions raison
3. Les experts considèrent qu’Ellora et Ajanta sont parmi les
sites les plus intéressants d’Inde du Sud, ils ont raison
4. L’inde nous réserve toujours des moments un peu
particuliers, il ne faut pas trop chercher la raison
1. Les bus de nuit c’est comme une boîte de
chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber (© Forrest Gump)
Départ de Bombay : suivant notre habitude, nous
parvenons bien en avance au lieu de rendez-vous et nous trouvons notre bus, pas
de souci nous dit le responsable repassez 15 minutes avant le départ.
Qu’à cela ne tienne, nous investissons le premier bar venu
et passons le temps en sirotant un masala tea (thé au lait et aux épices
typique de l’Inde et assez délicieux quand il est réussi).
Nous revenons au bus avant l’heure convenue et attendons,
attendons, attendons, l’heure passe, toujours rien, nous attendons encore, on
se dit que quand même il n’y a pas beaucoup de monde qui attend avec nous, et
en plus ils chargent plein de colis sur le toit du bus, étrange… Jusqu’au
moment où quelqu’un vient nous chercher pour nous conduire à un autre bus, pas du
tout à l’endroit indiqué! Pas d’inquiétude, this is India, et en plus le
nouveau bus est hyper confortable, équipé de draps, oreillers, rideaux, etc.
Notre couchette de luxe |
Voyage sans soucis jusqu’à Aurangabad, seule l’arrivée est
rude car nous atteignons notre destination une demi-heure avant l’horaire prévu
(un comble !) et nous sommes en train de dormir… Du coup on se fait un peu
jeter dehors car le bus continue au-delà d’Aurangabad !
[Note technique: Attention ici nous créons une faille temporelle dans le
récit pour vous raconter notre retour en bus entre Aurangabad et Bombay. cette
entorse chronologique sera, nous l’espérons, avantageusement compensée par la
comparaison rendue possible par l’approche thématique adoptée dans cet
article.]
Nous mesurons notre chance de l’aller quand nous découvrons
le bus du retour, ce n’est pas qu’il soit particulièrement délabré mais il fait
hyper froid et nous n’avons pas de couverture, il n’y a pas d’oreillers et
surtout les couchettes font 1M70 de long… Ce n’est pas un problème majeur pour
Amandine mais quelle que soit la position : pieds en l’air, en momie, en
quinconce, en fer à cheval, en arabesque, en flûte de pan ou en bracelet
brésilien, il est quasi impossible de dormir quand on fait 1M80… On croise les
doigts pour le prochain bus !
2. Aurangabad, rien à signaler
Nous arrivons à
Aurangabad peu avant le lever du soleil et tâchons de trouver un hôtel au
rapport qualité-prix acceptable. Notre ambition était peut-être au-dessus de
nos forces puisqu’après avoir visité deux hôtels complets et un hôtel hors de
prix, nous atterrissons dans un hôtel trop cher à la propreté plus que
douteuse : bienvenue à Aurangabad !
Les rues d'Aurangabad, ça fait rêver n'est-ce pas! |
Soyons justes : nous n’avons pas vraiment cherché à
découvrir les charmes d’Aurangabad, disons qu’ils sont peut-être bien cachés
car ils ne nous sont pas apparus de manière évidente…
Pas grand-chose à dire donc de cette ville de 900 000
habitants qui nous a néanmoins fait l’effet d’un gros bourg, nous retiendrons
surtout sa gare routière d’où sont partis les bus locaux qui nous ont conduits
à Ellora le premier jour et Ajanta le second.
Notre superbe bus |
3. Ellora & Ajanta, fausses jumelles, vraies sœurs
Nous avons fait le trajet en 2 fois: Aurangabad Ellora / Aurangabad Ajanta |
Le bus local est une solution économique et étonnamment
efficace, la fréquence est très élevée et même si le confort reste précaire,
les voyages se font sans vraies difficultés.
Fuyant notre hôtel, nous arrivons donc à Ellora et sommes
rapidement rassurés : oui le site valait les heures de trajet en bus et
les hôtels miteux, ouf pas de regrets !
« Tu es pierre et de cette pierre je bâtirai mon
temple », les 34 temples-grottes (ou grottes-temples) ont été édifiés
entre 600 et 1000 après JC en creusant directement la roche : pour le
temple Kailasa (le plus grand d’Ellora) on estime que 200 000 tonnes de
roche ont été dégagées par 7000 ouvriers travaillant pendant 150 ans, c’est la
plus grand sculpture monolithique du monde (donc entièrement taillée dans un
seul bloc de pierre!).
Tout ça c'est un seul bloc de pierre, incroyable non?! |
Ca méritait bien un petit saut! |
De cette origine rupestre, les temples d’Ellora conservent un aspect
massif et les sculptures des temples, parfois originales dans la représentation,
sont souvent imposantes et ne peuvent rivaliser en finesse avec celle d’Angkor
par exemple.
Beaucoup beaucoup de pierre! |
Cédric tout petit par rapport aux sculptures! |
Notons que le site d’Ellora comporte des temples de trois
religions : Bouddhisme, Hindouisme
et Jaïnisme… Apparemment les dieux cohabitent sans trop de difficultés.
Grotte bouddhique |
Outre les statues et les grottes, Ellora est aussi le repère de nombreux petits singes trop mignonnets devant lesquels nous nous émerveillement ce qui nous vaut les gentilles moqueries d'un Indien "Bah alors y'a pas de singes en Europe?!" "Bah en fait non y'en a pas..."!
Le lendemain nous gagnons Ajanta à l’issue d’un nouveau
trajet en bus local, deux heures et demie pour parcourir les quelques 105
kilomètres tout de même !
Ajanta (IIème – VIème siècle) est la sœur aînée d’Ellora,
elle en tire un surcroît de distinction et de grâce, quand la cadette la
surpasse en fastes et en dimension.
Vue générale, les grottes sont creusées tout le long de la paroi |
Les sculptures d’Ellora sont aussi remarquables que les
peintures d’Ajanta mais le meilleur burin ne saurait rivaliser de finesse avec
un pinceau habile…
Peinture vieille de plus de 1500 ans, incroyable non?! |
Les peintures d’Ajanta, qui ne semblent pas encore
correspondre à des stéréotypes en termes de représentation, sont émouvantes
d’ancienneté et de délicatesse et nous sommes au final encore plus
impressionnés par Ajanta que par Ellora.
On peut également admirer de belles sculptures à Ajanta:
Et une grotte inachevée permet de comprendre le procédé pour creuser les grottes, pour ceux qui voudraient s'y mettre voilà le principe : il faut creuser des tranchées parallèles puis évider les parties pleines pour dégager des piliers qui soutiendront le toit, ensuite il ne reste plus qu'à faire la décoration... A vos pioches et à vos burins!
La grotte inachevée, incroyable non?! |
Tant à Ellora qu’à Ajanta, nous constatons un phénomène
assez étonnant : nous nous faisons régulièrement prendre en photos,
parfois à la dérobée, parfois sans gêne, parfois avec notre autorisation,
parfois avec toute la famille, parfois avec chacun des membres de la famille à
tour de rôle… C’est un curieux et assez sympathique retournement de perspective
puisqu’habituellement nous sommes de l’autre côté de l’objectif !
On en a profité pour prendre nous aussi quelques photos:
Il a fallu un peu de temps pour rassembler toute la famille! |
Dans le bus du retour d’Ellora, une scène complètement
surréaliste : après nous avoir un peu houspillé en hindi (ou en marathi,
la langue locale, ou en une autre langue parce qu’à vrai dire nous sommes
incapables de faire la différence) parce que nos sacs prennent de la place dans
le bus, une femme en burqa (on dira ce qu’on veut et au risque de déclencher
des débats, il est selon nous plus difficile de communiquer avec quelqu’un dont
on ne voit pas le visage) nous tend son enfant d’un an et nous le met sur les
genoux, ça durera un bon quart d’heure avant qu’elle le reprenne… Ne pas chercher à comprendre, this is
India !
Prochain épisode : road(bad)trip, plages de sable fin
et cocotiers
Pour vous donner envie ;-) |