mercredi 3 septembre 2014

"à Ladakh!" Partie 3 : Tso beautiful

Du 11 au 14 août 2014
J1: Leh-Tso Kar
J2: Tso Kar-Tso Moriri
J3: Tso Moriri
J4: Tso Moriri-Leh, le trajet qui tue!!

Nos quelques jours entre Hinju et Chilling nous laissent à la fois trek-ontents et trek-onfus : comment redescendre de notre montagne (à cheval hip hop), ou plutôt de notre nuage (de glace) ?

Nous avons trouvé la solution : pour cette fin de voyage nos troquons nos ânes contre des chevaux fiscaux et nous abandonnons la quête des yacks pour la quête des lacs... 
A nous les longs mais éblouissant trajets en voiture, à nous les randonnées frénétiques autours de lacs magnifiques : nous prenons un dernier bol d'air avant de rentrer en France !

Nous réglons quelques détails techniques avant de quitter Leah : 
  • notre sac de linge sale est devenu obèse et pue plus fort qu'un âne crevé, heureusement nous pouvons faire un lavage rapide dans notre guesthouse, évitant ainsi de peu l'asphyxie
  • un passage par l'agence s'impose pour valider les détails logistiques et payer nos excursions (certes ce n'est pas le moment le plus agréable mais nous sommes très satisfaits des prestations, malgré de légers cafouillages) 
  • quelques emplettes pas indispensables mais qui font plaisir : un livre pour la fin du voyage (Salman Rushdie est indien et Les Enfants de Minuit, considéré comme son meilleur ouvrage, est en effet un chef d’œuvre) et divers souvenirs et bracelets (et oui toujours ces fameux marchés tibétains…)

Le lendemain, notre chauffeur arrive avec les 20 minutes de retard syndicales, nous sommes habitués et n'y prêtons même plus attention, ça y est nous vivons au rythme indien !

La voiture est confortable mais nous ne profiterons pas de ces moelleux fauteuils pour piquer un somme car la route se déploie dans une large et belle vallée puis serpente sur les flancs de la montagne, et s'élève, s'élève, s'élève jusqu'à 5300 mètres : sous nos pieds la deuxième plus haute route carrossable du monde, devant nos yeux un panorama (gnifique), dans nos cheveux un vent à défriser un bébé yak…

Panorama plutôt sympathique
sur la route nous conduisant au Tso Kar
Jumping in the air
5300m, 2e route carrossable la plus haute du monde
"unbelievable isn't it?" (oui oui c'est écrit…)

Passant sur l'autre versant (coup férir), nous déjeunons d'un simple riz & dhal (soupe de lentilles), ce qui tombe bien car nous l'avions, la dalle ! Ce que nous ignorons à ce moment c'est que nous entrons dans un tunnel culinaire : du riz, du dhal, du dhal, du riz, le matin, le midi et le soir... Pourquoi ? Parce qu'il n'y a que ça, ou à peu près !

Et hop de l'autre côté, c'est pas moche non plus

L'arrivée sur le lac Tso Kar est superbe, un âne sauvage vit sa vie d'âne sauvage, les montagnes sont tout à fait montagneuses et le village vit la joie de notre chauffeur qui est originaire d'ici même et rentrait donc à la maison.

Coucou petit âne sauvage, n'aies pas peur!!
Arrivée sur Tso Kar...
Tso Kar!
Et le village du Tso Kar
avec ses têtes de yack sur les maisons

La maison parlons en, le bâtiment abritant notre chambre est récent mais les équipements peuvent être qualifiés de rudimentaires : le lit est posé sur des palettes (sommier nouvelle génération), les toilettes sont un simple trou (mais ça on commence à y être habitués) et il n'y a pas de douche (il semblerait que l'absence d'eau courante soit un facteur limitant)…

Oh la jolie cabane avec ses jolies toilettes avec sa jolie voiture
Toilettes où tu te dis vivement que j'aille faire pipi tiens!
Oh le joli sommier totale innovation

Nous ne nous attardons pas et partons à l'assaut du monastère, comme toujours juché en haut de la montagne, et là ça commence : « il est joli le monastère mais on n'est pas tout en haut de la montagne, on remonte un peu ? », qui a prononcé cette phrase l'histoire ne le dit pas mais sans le savoir nous venons d'enclencher une spirale infernale...
En effet la fourbe montagne va nous jouer un tour (-malet) : chaque fois que nous croyons être au sommet, levant la tête pour admirer le ciel nous constatons que nous ne sommes pas au plus haut et le vent se mêle à la montagne pour railler notre ambition... Mais nous ne sommes pas de ceux qui renoncent à la première difficulté, nous reprenons notre ascension plusieurs fois pour finalement atteindre les drapeaux bouddhiques marquant le sommet !

Et c'est parti pour l'ascension, en bas le village! 
Monastère nous y sommes... 
Mais nous on veut aller plus haut!
Bébé-tornade!
Et maintenant nous voilà au sommet du sommet
après une rude-raide ascension!
Repos!
Whouuuuuuu

WWWWHHHHOOOUUUUUU

Récompensés de nos efforts (une heure de montée tout de même) par la vue, nous prenons le temps de souffler et d'admirer le lac Tso Kar et ses environs (il va sans dire que nous sommes absolument seuls), puis dévalons la pente comme des yaks tous foufous.

Et une fois en bas, pause thé à la tente du coin!

Après un thé au lait bienvenu, nous nous dirigeons de l'autre côté du village, vers le lac, et c'est le début d'une nouvelle épopée, nous avons vécu l’Iliade avec la guerre contre la montagne, nous entamons une Odyssée en nous dirigeant vers le lac qui, après mille péripéties, va se dérober au point de devenir un mirage, et peut-être un mythe. [après ça vous ne pourrez pas nous reprocher de ne pas tout faire pour gonfler nos articles d'un souffle épique, là on lâche les chevaux !]
Il est déjà plus de 16 heures quand nous partons d'un pas léger, le soleil est encore haut et, confiants dans notre rythme de marche (surtout sur terrain plat), nous pensons pouvoir atteindre les eaux turquoises observées d'en haut…
Rapidement cependant les premiers obstacles se dressent devant nous : les sympathiques bosses rondes couvertes d'un tapis herbeux masquent des trous d'eau qui n'attendent qu'une occasion pour nous engloutir (non non je n'en rajoute pas...), les monticules de sel sont parfois friables et pourraient nous précipiter dans de profondes crevasses (qui abritent peut être des araignées mangeuses d'homme, qui sait?), un renard féroce nous jette un regard qui en dit long sur sa volonté de planter ses dents acérées dans nos délicats mollets si l'occasion se présente… 

Petites bosselettes mignonnettes mais traîtres!
Lac où es-tu?
Laaaccc????
LLLLLLAAAAAACCCC?????
Bon c'est assez ouf comme paysages, tant pis pour le lac... 

Plus nous avançons, plus le lac semble s'éloigner, nous pourrions l'avoir à l'usure si les éléments naturels ne se liguaient pas contre nous : les langues de sels sur lesquelles nous marchons se terminent en culs de sac, nous contraignant à de longs détours, et surtout le dieu soleil semble accélérer sa descente pour protéger son camarade lacustre de nos pas sacrilèges.  

Allez ombre-effect pour se consoler

A 18 heures, il faut nous rendre à l'évidence : nous apercevons le lac au loin mais si nous voulons rentrer avant la nuit nous devons rebrousser chemin maintenant, et encore il est peut être déjà trop tard, nous pressons le pas, coupons à travers les marais les plus traîtres, sautons au-dessus des gorges les plus profondes, bravons les prédateurs les plus rusés, et finalement atteignons le village, déjà plongé dans l'ombre alors que le soleil fait grâce de ses derniers rayons aux montagnes rouges qui surplombent la vallée... Heureux comme Ulysse, nous voici de retour dans notre humble demeure ! 

Bye bye le lac il faut se faire une raison


Après avoir écrasé sans pitié un cafard sur le mur fraîchement peint couleur safran (qui du coup est maintenant safran/jus de cafard), nous vérifions que la palette de chantier qui nous sert de sommier n'est pas un repère pour tous les insectes de la vallée (conclusion logique à laquelle Amandine était arrivée sur la base de l'observation d'un unique spécimen) puis nous dormons du sommeil du juste, dans un silence de cathédrale.
Cette nuit restaure (partiellement) nos forces et dès le réveil nous partons pour une balade qui nous met en appétit pour le (frugal) petit déjeuner et nous permet de supporter les secousses au rythme desquelles cette matinée de voiture va s'écouler... 
Chemin faisant et après avoir une dernière fois contemplé le lac Tso Kar, notre vainqueur de la veille (sans rancune), nous croisons des villages, de sobres monuments bouddhistes ornés de drapeaux, des yacks, des marmottes (sooo exotic), des cours d'eau, un petit mais très joli lac, le tout dominé par des montagnes qui n'ont pas l'air commodes.


Dernière vue sur le lac
Saut devant monument bouddhiste 
Coucou la marmotte!!!!!
Coucou le yack!!!!!!!
Troupeau de yacks, COUCOUUUUU!!!!
1er saut pris par notre chauffeur, on le trouvait bien mais...
Il veut nous reprendre en photo en train de sauter,
allez!
Et il veut aussi qu'on pose devant sa voiture, allez!
Jolis nuages

Nous touchons au but quand un check point militaire se dresse face à nous, là un redoutable soldat indien va (après avoir peiné à trouver un stylo) noter nos noms et nous poser (avec une grande conviction) trois questions non moins redoutables : « vous avez un téléphone satellite ? », « vous avez une carte ? », « vous avez un GPS ? », là je ne fais pas le mariole mais je trouve quand même le courage de lui dire « no » (ça c'est vrai), « no » (ça c'est pas vrai on a une carte), « no » (ça c'est pas vrai on a des montres GPS). Satisfait de ce contrôle qui a sans nul doute possible démontré que nous n'étions pas des agents chinois ou pakistanais en repérage, il nous laisse passer

Arrivée au Tso Moriri

Encore quelques centaines de mètres et nous voilà à Korzok, le principal village du lac (ce qui ne veut pas dire qu'il est bien grand), ouf nos délicats postérieurs commençaient à se lasser de la voiture... Il nous reste cependant une tâche plutôt ardue : trouver une auberge qui ne soit pas un cloaque ! C'est assez rare pour être signalé, nous refusons la première chambre qui nous est proposée car tout de même, une pièce qui fait davantage penser à un cachot qu'à une chambre et une salle de bain (ou plutôt un vague point d'eau) dans un sous-sol qui semble partagé avec tout le quartier, il ne faut pas pousser (mémé dans les orties) ! La deuxième est la bonne, la chambre est correcte, la vue superbe et la salle de bain (commune) plutôt propre, même si la douche et le lavabo qui l'agrémentent se révéleront totalement factices car aucune goutte n'en sortira jamais (le traditionnel seau d'eau fera donc l'affaire)

What a nice room isn't it?
Nouvelle innovation ladakhie,
le sommier-planche, pourquoi pas...
 
Vue depuis notre chambre
Electricité ladakhie, au top!

Après une courte sieste nous retrouvons Marmat notre chauffeur (en train de laver la voiture pour la 37ème fois du voyage, ce qui est parfaitement inutile tant la poussière annihile ses efforts après un kilomètre de route), il nous conduit au bord du lac, aussi loin que va la route, pour profiter de points de vue tout à fait réjouissants.

Point de vue réjouissant 




Moins réjouissant sera le repas du soir, composé de (devinez quoi) « rice and dhal », ce n'est que le quatrième repas similaire de suite aussi sommes nous absolument ravis... La région ne brille guère par sa diversité gastronomique, mais celle-ci n'est en réalité que le reflet de sa production agricole (quasi inexistante dans ces montagnes), soyons donc plus compatissants qu'exigeants... Par miracle nous avions trouvé un restaurant (ou plutôt une tente-épicerie-salon de thé-restaurant) qui a pu nous préparer des pancakes pour le goûter, nous les accueillons avec gratitude, comme quoi il en faut peu pour être heureux !
Comme de coutume nous grimpons la montagne derrière le monastère pour admirer un coucher de soleil inoubliable : avec les nuages qui s'enroulent dans la lumière orangée comme autant de filaments de barbe à papa, nous avons parfois l'impression qu'il y a le feu au lac !

Coucher de soleil tso beautiful

Le lendemain marque déjà notre dernier jour au Ladakh, il nous faudra en effet encore un jour pour rentrer à Leh et il sera ensuite temps de revenir en France. Nous décidons de partir toute la journée en excursion sur les rives du Tso Moriri (les plus perspicaces d'entre vous auront deviné que Tso veut dire lac en ladakhi), armés de quelques chapatis, de deux œufs durs, de kit-kat et surtout de quatre bouteilles d'eau (les plus assidus d'entre vous se souviennent de notre quasi mort de soif sur les flancs du volcan Tongariro en Nouvelle-Zélande).

Go pour la rando!!

Nous n'avons plus de guide pour nous réguler et cela va se voir : nous partons gaillardement et le ruban de piste se déroule rapidement sous nos pas tandis que nous mirons le reflet des montagnes sur les eaux calmes et changeantes du lac. Les poumons gonflés d'air pur, nous sommes comme grisés et voulons repousser le plus possible le moment fatidique du demi-tour qui marquera symboliquement la fin de nos vacances... 
Grâce à notre montre GPS nous savons que nous avons déjà fait 10 kilomètres et que chaque pas rallonge d'autant le chemin du retour, c'est pourtant tout naturellement que l'un de nous (lequel ? Peu importe nous en sommes tous deux capables) dit « bon on va jusqu'à 15 et on revient ? » et que l'autre répond « ok faisons ça ». De même que quand nous atteignons le 13ème kilomètre, l'idée saugrenue de cacher nos sacs dans des buissons et de faire les quatre kilomètres aller-retour en courant ne nous semblera pas plus étrange que cela... A 4500M d'altitude l'effort est tout de même violent et ce n'est pas la maigre collation du midi qui nous redonne beaucoup d'énergie, pourtant nous continuerons à empiler les kilomètres comme les moines du coin ont empilé les pierres sculptées au bord du chemin.




Petit lézard se fondant dans les cailloux,
coucou le lézard!!
 




Mmmmmmmmmmmmm!
Sur le retour (petit Cédric sur la gauche)


Quand Korzok se révèle derrière le dernier replis du chemin, le pincement au cœur le dispute au pincement à l'estomac : l'appel du pancake est cependant plus fort que la (déjà) nostalgie et nous pressons le pas pour boucler nos 30km en moins de 6 heures (soit une effarante moyenne de 5km/h...). 

6h, 30km, we did it!

Nous sommes fourbus mais heureux et, après le fameux pancake, nous pouvons nous asseoir dans un coin de la cour du monastère pour observer (en invités discrets) le va-et-vient des moines et des fidèles.

Dans le monastère 


Le coucher de soleil est moins spectaculaire que la veille mais reste tout à fait plaisant et surtout il est comme un baisser de rideau sur notre voyage…

Dernier coucher de soleil...

Le lendemain, après le baisser de rideau c'est le salut des artistes : les montagnes se laissent admirer une dernière fois alors que nous remontons vers Leh, mais nous sommes tout autant concentrés sur les yeux de Marmat qui ont tendance à se clore dangereusement que sur le paysage qui éclot au soleil levant ; notre chauffeur est un peu malade et nous prétextons de vagues envies de photo pour faire des pauses et lui permettre de se reposer un peu. Finalement il nous faudra 7 heures pour rejoindre Leh, nous y sommes à 11h40 (ce qui laisse une idée de notre heure de départ, oui le réveil a fait mal) et retrouvons notre guesthouse désormais habituelle.
Comme à l’accoutumée, nous prenons un thé (à/au Leh), nous allons dans les marchés (tibétains) et nous dînons dans un restaurant (tibétain lui aussi) d'une superbe truite fraîche (pour Cédric) et de momos (pour Amandine, pour savoir ce que sont des momos, relire les articles précédents !). Un dernier thé (seulement le 537ème du voyage) avec la famille qui possède notre guesthouse et nous passons déjà notre dernière nuit au Ladakh.
Ensuite tout s'enchaîne : réveil 5h30 / paquetage / taxi (en avance!) et très sympathique / hall d'aéroport / attente / contrôle / attente / décollage / montagnes toujours superbes mais davantage de nuages qu'à l'aller / atterrissage à Delhi / taxi sympathique réservé à l'avance (pour éviter de revivre les mésaventures de l'aller) / journée dans un hôtel charmant, accueillis par un français gentil / quartier sympathique de Delhi, un peu bobo (si le concept est applicable à l'Inde) / taxi avec même chauffeur pour retour à l'aéroport / hall d'aéroport / attente / contrôle / attente / décollage / films / vague sommeil / atterrissage à Charles de Gaulle / taxi-Brice (c'est mieux que le taxi brousse, merci encore) / retour à la maison / c'est fini, c'était bien, c'était mieux que bien, raconter ça, revivre ça, le blog.

Avant le départ, Delhi...
Les fameux rickshaws indiens
Ladakh, The END!

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