Un an après les souvenirs sont mélangés mais pas amoindris,
à l’évidence New York vaut bien un article…
New York, et à la seconde des chansons surgissent, et des
images. C’est le « Heart in New York » de Simon & Garfunkel (ICI) qui s’impose alors que nous
atterrissons au JFK Airport, et qui rythme mes pas dans le légendaire métro.
Day 1 : Broadway (to heaven)
Nous logeons à Brooklyn et le panorama du lendemain nous
donne raison d’avoir choisi « l’autre rive », qui aurait cru que nous
serions si émus par cette ville que l’on croyait connaître ?
Penser à Woody et traverser le Brooklyn Bridge à pieds, sur
la passerelle qui surplombe les voies réservées aux voitures… les câbles
tracent des chemins vers les nuages et nous sommes légers dans cet entre ciel,
mer et terre.
Sur le pont, de Brooklyn, on y saute, on y saute!... |
Manhattan nous accueille à la redescente et nous sommes loin
des clichés sur la ville inhumaine : la circulation n’est pas plus dense
qu’à Paris et les rues assez larges pour que les immeubles n’écrasent pas tout.
Nous remontons Broadway et sacrifions au Dieu Shopping puis
à partir de Times Square le Dieu Divertissement s’impose, à moins que ça ne
soit que les apôtres du Dieu Business ? Loin de nous ces idées alors que des
kilomètres de trottoirs défilent sous nos pas et que certaines rues ont des noms
de chansons (et réciproquement) : Bleeker Street (ICI) « 30
dollars pays your rent on Bleeker Street », plus maintenant Messieurs
Simon & Garfunkel !
Nous arrivons en lisière de Central Park mais New York ne se
dévoile pas en un jour…
Day 2 : I want to be a part of it…
Brooklyn a aussi son Central Park : seulement rattachée
à New York en 1898, Brooklyn voulait aussi son poumon vert et Prospect Park
nous offre 210 hectares pour un footing matinal très agréable.
Après une halte au Brooklyn Flea Market (Marché aux Puces
plutôt décevant mais pas désagréable) nous retraversons le Brooklyn Bridge et
filons au sud de Manhattan.
Brooklyn flea market |
Vaste, sobre et poignant, le mémorial du World Trade Center
nous met face à l’absence et au vide : dans le sol, la base des tours a
laissé son empreinte mais l’eau s’échappe où le regard se perd. Pas de message
explicite, les noms des disparus et le bruit de l’eau…
Pour plus de légèreté, nous déjeunons de magnifiques pizzas
au Grimaldi, adresse légendaire sous le Brooklyn Bridge.
En fin d’après-midi, nous gravissons les 70 étages du
Rockfeller Center pour, une fois n’est pas coutume, dominer New York ! L’Empire
State Building est incontestablement le joyau de la couronne de gratte-ciel qui
nous entourent…
D’en haut, Central Park nous paraît très tentant et nous
voulons en faire partie de New York New York (ICI)
Bien obligé de taper la pause!... |
... Chacun son tour! |
Day 3 : The Good Plus
Nous prenons donc le métro en tenue de sport pour un footing
à Central Park dès le matin de notre troisième jour, quel plaisir de pouvoir
fouler ces allées et de voir les gratte-ciels se refléter dans les eaux calmes
du réservoir…
Après la douche, Chinatown et Little Italy se livrent sans
combattre : déjeuner de délicieux beignets chinois au poulet, admirer les
escaliers extérieurs prévus pour évacuer le bâtiment en cas d’incendie, voir
flotter les drapeaux italiens puis lire des idéogrammes chinois à deux rues
d’intervalle.
Nous rejoignons ensuite Greenwich Village, qui offre ses
groupes de Jazz aux familles en balade
dominicale, nous voilà figurants dans un film de Woody Allen…
Direction Greenwich Village |
Greenwich village et ses musiciens |
Pour conclure cette journée, nous avons réservé une table au
Blue Note : the Bad Plus, un trio vraiment excellent, nous fait passer une
magnifique soirée. Vous pouvez écouter même si vous n’y connaissez rien au jazz
et surtout si vous croyez ne pas aimer : ICI
.
Day 4 : American tune
Nous changeons de registre le lendemain avec la visite de la
statue de la Liberté et d’Ellis Island, qui aurait cru que sous le soleil
matinal elle nous apparaîtrait belle et touchante à la fois ?
Dérisoire espoir mais on se prend à penser aux migrants
d’hier et d’aujourd’hui : ils devaient sans doute conserver quelque chose
de cette première vision, ceux que la ville allait bientôt engloutir et ceux
qu’elle rejetait…
Ceux qui n’ont pas été convaincus par The Bad Plus peuvent
se rattraper avec Dylan : ICI
Ou Simon & Garfunkel (encore !) : ICI
Ellis Island est la cellule de dégrisement après la statue
de la Liberté, des millions de migrants ont attendu dans ces vastes salles de
se voir délivrer le droit d’accès au nouveau monde, malgré la mise en scène,
les murs ne mentent pas sur lesquels certains ont eu l’audace de griffonner des
mots d’espoir ou de chagrin…
Wall Street est fade et sans intérêt après ça, surtout quand
sur le trottoir s’affiche le nom de Pierre Laval, venu à new York en tant que
Président du Conseil en 1931 : il fut même proclamé Man of the Year par le
Time Magazine, seul Français avec le général de Gaulle à avoir reçu le titre !
C’était avant de collaborer avec Hitler et d’être exécuté pour haute trahison… Étrange
sensation de le voir ici.
Après un méga donut, nous changeons de quartier et
rejoignons Chelsea, l’occasion de passer devant le Chelsea Hotel et de croiser
les fantômes de Leonard Cohen et Janis Joplin (ICI).
Ne me demandez pas pourquoi le lève les mains!! Pour imiter le donut peut-être (oui c'est raté ;) ) |
Nouvelle attraction du quartier, la high line est une
ancienne voie ferré aérienne réaménagée en promenade, il est agréable d’y
marcher dans le soleil de fin d’après-midi…
Mais quel BG <3 |
Ce même soleil s’appuie contre l’une des faces du Flat Iron
Building, accentuant l’impression de finesse de cet audacieux bâtiment.
De retour à Brooklyn, nous laissons le soleil se coucher
mais, après un petit dîner en amoureux dans un charmant restaurant, nous constatons que dès la nuit tombée les
lumières brillent sur la ville qui ne dort jamais.
Day 5 : MET in pot
Nouveau footing le lendemain sur Brooklyn Bridge… Nous
n’avons plus besoin de plan pour retrouver notre chemin !
Le MET (Metropolitan Museum) est une merveille :
l’extrême richesse des collection pourrait se traduire par un empilement (comme
au British Museum de Londres) mais nous passons d’une salle à l’autre en toute
fluidité et avons droit à un panorama de ce que l’humanité sait faire de mieux.
Nous y restons cinq heures et pourrions revenir dix jours sans nous ennuyer.
Nous traversons Central Park et dînons végétarien dans
l’upper west side, le retour dans Brooklyn est désormais une routine…
Day 6 : Tell me MOMA
Pour le lien avec le
titre : ICI
(attention entre la qualité du son et la voix de Dylan, c’est un peu violent…)
Après le MET vient le MOMA comme Museum Of Modern Art :
que dire des chefs d’œuvre exposés ici ? Nous assistons à un débat
enflammé entre Van Gogh, Cézanne, Matisse et Picasso, tandis que Munch,
Giacometti, Klimt et Dali tentent d’en placer une…
Les voisins du dessous sont encore plus indisciplinés,
Pollock en met partout et Warhol en fait voir de toutes les couleurs à une
Marilyne aussi impassible qu’une Joconde.
Le MOMA est un grand moment, voire même un grand mouvement
tant on en sort transporté.
Tant et si bien que nous changeons de rive… Williamsburg est
le nouveau quartier à la mode : à quelques encablures de Manhattan, les
hipsters règnent sur un territoire qui n’a pas encore totalement perdu son âme
industrielle.
C’est pour nous un temps calme, peu de circulation à cette
heure, les boutiques sont charmantes et hors de prix, la vue sur Manhattan
superbe dans le soleil couchant et surtout nous avons exactement ce qu’il faut
pour ancrer cette ambiance : un concert de rock dans l’arrière salle d’un
disquaire !
Nick Mulvey est exactement assez cool pour conclure la
journée, jugez plutôt : ICI
Day 7 : L’Empire (State Building) contre-attaque
Nous poursuivons notre randonnée urbaine par un grand tour
dans Harlem : si nous sommes surpris de voir l’alignement de belles
maisons en pierre marron c’est que nous ignorions qu’avant de devenir synonyme
de pauvreté et de violence urbaine, Harlem était un quartier résidentiel
destiné à la bourgeoisie…
La rénovation est bien avancée, le quartier donne
l’impression d’être désormais sûr tout en restant vivant, rien de très
spectaculaire mais une balade agréable.
Le spectacle, nous y avons droit quand l’ascenseur nous
catapulte en une minute au 86ème étage de l’Empire State
Building : La poitrine hérissée de gratte-ciels, Manhattan s’étire et
semble retenir sa respiration comme un bateau au passage d’une écluse.
La poésie urbaine est encore plus vive la nuit, tandis que nous montons à nouveau au sommet de l’Empire State Building ; la lumière est tantôt froide tantôt chaude, un dragon joue avec un lézard 300 mètres sous nos pieds…
Petit passage par Times Square avant de remonter au sommet de l'Empire State Building |
Times Square by night |
Day 8 : Central Park (en ciel)
Posés entre le ciel et l’eau, les bâtiments bordant Central
Park semblent soudain en équilibre ; et nous aussi, à la veille du départ.
Central Park est assez vaste pour absorber les vibrations de
la ville, nous en profitons mais sans excès car nous savons déjà que ces
vibrations vont nous manquer : après un déjeuner au Nougatine (l’annexe du
Jean-Georges, restaurant 3 étoiles), c’est donc l’East Village bohème et
dégingandé qui nous offre ses rues pour l’après-midi.
Une dernière bande-son : ICI
Comme pour un au revoir, nous prenons le bateau public vers
Staten Island car il nous permet de passer à proximité de la Statue de la
Liberté, superbe dans le soleil couchant ; bonne fille, elle lève le bras
pour nous saluer et nous éclairer le chemin.
Retour sur Manhattan |
Nous rentrons à Brooklyn fatigués mais heureux et dînons de
délicieux sushis.
Day 9 : Nein, il faut te quitter New York
L’avion repart ce soir et nous serons à bord, cette dernière
journée tronquée nous restons à Brooklyn : footing puis promenade vers un
restaurant pour un brunch mémorable.
Déjà il faut reprendre le même chemin qu’à l’aller, les
musiques trottinent toujours dans la tête, plus incarnées peut-être après ces
quelques jours.
Il n’y a pas de quoi être triste nous savons que nous
reviendrons : comme à la fin d’un bon concert ou d’un bon film, nous
quittons la salle (d’embarquement).