lundi 6 mai 2013

(Isabelle) Rinjani (Longo) : l’élégance ou la puissance ?

Du 18 au 24 avril 2013

Grimpez sur notre dos, nous allons au Rinjani : 3726 mètres d’élégance, de puissance, voire des deux mêlées…

Trek -3 jours : trois décollages, trois atterrissages, trois îles, trois jours avant le trek…

Parce qu’une expédition périlleuse réclame une minutieuse préparation, nous partons pour Lombok trois jours avant la date prévue pour le trek.

Notre périple aérien se compose de trois sauts de puce (à hélices) : entre Ende et Labuan Bajo (Flores), Labuan Bajo et Denpasar (Bali), Denpasar et Praya (Lombok). On mentirait en disant que nous étions totalement sereins, notamment quand nous avons aperçu la carcasse de l’avion Lion Air (notre compagnie) flottant en bout de piste à Denpasar suite à un petit loupé lors d’un atterrissage quelques jours avant le nôtre (pas de morts, quelques blessés légers, ouf) !

Ende-Labuan Bajo / Labuan Bajo-Denpasar / Denpasar-Praya, pas très logique mais pas le choix!

C’est donc dans un soupir de soulagement que nous arrivons à Lombok et prenons immédiatement la direction du Rinjani ou plus précisément d’un petit hôtel de charme perdu dans les rizières…

Notre bungalow dans les rizières
Prendre des forces avant le trek...
Des rizières...

Des rizières et encore des rizières!
C’est un petit paradis et notre nuit est seulement perturbée par la tentative d’intrusion d’un énorme coléoptère dans notre moustiquaire, c’est après des tentatives infructueuses de reconduite pacifique en dehors de la chambre et avec réticence que nous décidons de faire usage de la bombe insecticide, redoutablement efficace, paix à l’âme de ce coléoptère qui voulait dormir avec nous…

Trek -2 jours : alea jacta est, trek réservé

Après une ultime balade dans les rizières avec pour escorte les chiens de la maison (à l’efficacité toute relative puisqu’ils nous ont plus suivis que l’inverse…), nous arrivons au point de départ prévu pour notre trek : Sembalun !

L’arrivée à Sembalun dans le brouillard et le crachin ne restera pas un grand moment de notre voyage, la ville est plutôt morne mais heureusement sauvée par ses habitants qui, sans doute pour faire contraste, se révéleront très accueillants.

Après avoir fait le tour des hôtels de la ville, nous revenons à notre premier choix, les prix sont raisonnables, la chambre correcte et l’atmosphère chaleureuse.

Le soir nous discutons avec Amin, qui fait office de gérant, il est très sympa et nous propose une solution efficace et économique pour le trek… Après concertation par SMS avec nos compagnons d’aventure Fleur et Manu (qui arriveront de Singapour le matin du trek) nous donnons notre accord à Amin, cette fois le sort en est jeté (alea jacta est pour les non latinistes) !

A propos de sort, Amin n’a pas été gâté par la fortune puisqu’il s’est gravement blessé à la jambe en tombant dans les pentes du Rinjani (il portait un touriste qui ne pouvait plus avancer…), le problème c’est qu’à Lombok on traite les fractures avec des pommades et des pilules (quand on ne s’en remet pas à la médecine traditionnelle) donc Amin a depuis deux ans une jambe raide et douloureuse… C’est d’autant plus triste qu’il aimait vraiment son métier de guide et qu’il est encore jeune, heureusement il est bien entouré par sa bande de copains et c’est avec l’un d’entre eux, le bien nommé Happy, que nous ferons notre trek.  

Trek -1 jour : se promener, attendre, dormir et se préparer

Nous profitons de n’avoir rien à faire pour nous lever plus tard que de coutume (pas de grasse matinée non plus : debout à 8 heures), ensuite Happy nous propose d’aller faire un tour dans la campagne de Sembalun. La balade nous conduit à un village traditionnel à moitié abandonné puis à un point de vue sympa qui nous permet de constater que Lombok offre un terrain plus propice que Flores pour faire pousser toute sorte de trucs comestibles dans la terre (oui cette remarque démontre notre grande compétence agronomique).

Des rizières et des champs d'ail, de pommes de terre et
de tant d'autres choses qui poussent dans la terre...
Amandine étant bien malade depuis hier (oui elle est un peu en mousse…), nous passons le reste de la journée dans la chambre, entre dodo, lecture et mise à jour du blog (oui nous essayons d’être à jour même si on a toujours 15 jours de retard), en espérant que ça ira mieux demain et que nous serons épargnés par la pluie.

Trek Jour 1 : l’élégance d’Isabelle Rinjani

Nous bouclons les sacs que nous avons fait les plus légers possible puis partons déjeuner d’un gros pancake à la banane en espérant qu’Amin et ses copains auront trouvé Fleur et Manu, les nôtres.

A 8H30 tout juste, la jeep fait une entrée pleine de majesté dans la cour de l’hôtel, qui osera dire après ça que l’organisation en Asie manque de rigueur ? Nous retrouvons Fleur et Manu qui ont passé une nuit très sympa entre avion et bateau, heureusement le pancake à la banane est là pour les remettre d’aplomb ! 

Après un court trajet en jeep, nous voilà sur les pentes du Rinjani, Amandine va mieux (belle gestion du timing de la maladie) et nous avançons gaillardement, un peu trop pour Happy qui peine à suivre le rythme ! Il faut savoir que si nous sommes novices en trekking de plusieurs jours, nous sommes accompagnés par des experts puisque Fleur et Manu ont pris l’habitude de grimper sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à une montagne en Asie du sud-est…

Et c'est parti pour l'ascension du Rinjani,
on est pour l'instant encore bien bas!

A propos de montagne, celle-ci est tout à fait bucolique (on se croirait un peu dans les Alpes), le Rinjani n’est pas un volcan strictement pyramidal mais ressemble plus à une montagne à la fois haute, fine et massive dont on peine à distinguer le sommet au premier coup d’œil. Cela ne nuit pas à sa beauté bien au contraire puisqu’il en tire un surcroît de charme, il intrigue par cette sophistication et on se demande ce qui peut se cacher derrière ce visage insaisissable : c’est son côté Isabelle Rinjani.

Effet spécial de dingue...
Nous découvrons ce qui sera une constante tout au long du trek : Happy (notre guide) et nos porteurs (nous avons 3 porteurs pour le matériel de camping, la nourriture et les ustensiles de cuisine) sont particulièrement lents pour préparer la nourriture, il faudra donc nous habituer à attendre deux heures pour déguster nos repas, absolument délicieux (ceci explique peut-être cela).

Mmmmmmmmmmmmm!!!!!

Revigorés par le mie goreng (nouilles aux légumes), nous partons de plus belle vers le camp de base et laissons définitivement Happy derrière nous, il nous dira plus tard qu’il ne se sent pas bien et que c’est la première fois que ça lui arrive, ce qui est tout à fait possible puisqu’il marchera très bien les deux jours suivants.

Nos jolies petites tentes!

Coucher de soleil au camp

Après avoir monté les tentes avec nos porteurs et dans l’attente (à nouveau interminable) du repas, nous instruisons Fleur et Manu dans la science du Yam, malgré quelques réticences initiales nous avons peut-être fait deux nouveaux adeptes…

Partie de yam endiablée dans la tente,
en attendant les ventres gargouillent!
Nous dévorons notre  dîner et regardons néanmoins avec gourmandise le sommet du Rinjani qui trône 1000 mètres au-dessus de nos têtes, nous sommes prêts à tout affronter pour l’atteindre et ça tombe bien car nous n’allons pas être ménagés ! En attendant nous nous glissons dans nos chauds duvets et ne tardons pas à nous endormir en prêtant une oreille distraite au vent qui se lève.

Demain, nous serons tout là haut là haut!...

Trek Jour 2 : la puissance de Rinjani Longo

Bien que le matériel mis à disposition par Amin soit excellent, la nuit fut fraîche et nous sommes ravis d’avoir emporté nos petits duvets pour disposer d’une couche de protection supplémentaire. Nous sommes réveillés par un porteur qui nous offre un thé bien chaud et des gâteaux bienvenus, Happy se sentait trop faible pour l’ascension et a cédé sa place, nous comprendrons bientôt qu’il a été sage de ne pas se confronter à la puissance du Rinjani alors qu’il était affaibli…

L’ascension est dantesque, un vent de côté nous couvre d’une rosée glaciale et le sol de pierre et de sable gris nous fait payer chaque mètre gagné… Le Rinjani nous met à l’épreuve, il ne cherche plus à nous séduire par des pentes verdoyantes et une brume de mystère, il se montre dur, exigeant, presque sans pitié : c’est son côté Jeannie Longo.

Effet spécial de dingue #2
A la fin de l’ascension et de la nuit, nous sommes gelés et n’avançons plus que par un mélange de réflexe, d’instinct et de volonté, nous avons dépassé plusieurs groupes que nous ne reverrons plus, vaincus qu’ils ont été par la puissance du volcan…

Mais au sommet, le Rinjani se montre généreux et offre un panorama prodigieux à nos yeux rougis par le vent : d’un côté le lever de soleil sur une mer d’eau et de nuages, de l’autre le cratère béant rempli d’eau avec un nouveau volcan en sentinelle, au loin les îles Gili qui semblent flotter sur l’eau et Bali couronné par le cône parfait du Gunung Agung…


Le Gunung Agung et les 3 îles Gili
On l'a fait, on est frigorifié mais heureux!

Tout de même, ça valait le coup...
Déjà un peu plus réchauffés!
Nous redescendons par le même chemin d’un pas plus allègre qu'à l'aller et sommes accueillis par de savoureux pancakes, nous avons vraiment des cuisiniers hors pairs.

Où l'on se rend compte de ce que
l'on a dû gravir à 4h du matin!...
La descente, il y aura quelques chutes mais
toujours amorties en douceur par les cailloux!
Le cratère, une barrière contre les nuages,
nous y serons bientôt pendant quasiment 2 heures!
Une fois les tentes repliées et chargées dans les paniers des porteurs (reliés par un gros bambou posé sur les épaules), Happy reprend son rôle de guide et nous mène sur les rives du lac que nous avons vu de si haut tout à l’heure (rappel: le Rinjani culmine à 3726 mètres) pour le déjeuner. 

L'arrivée sur le lac, les nuages commencent à se lever...

Après le repas, traversée d'une rivière
Le temps est couvert mais on voit quelque chose,
c'est déjà ça!
Nous repartons en début d’après-midi pour une interminable ascension puis nous entamons la redescente, une journée de 11 heures de marche s’achève comme elle a commencé, lampe frontale sur la tête, dans la nuit et la pluie. Nous nous endormons éreintés mais ravis d’avoir répondu à l’appel et au défi du Rinjani.

Trek jour 3 : l’élégance et la puissance mêlées

La longue journée d’hier a laissée des traces et c’est les jambes lourdes que nous entamons la descente finale, Amandine a mal aux genoux mais heureusement la douleur ne va pas s’aggraver.

Il faut quelque peu se faire violence pour parcourir les derniers kilomètres dans un sous-bois, le dénivelé des derniers jours pèse sur nos cuisses : 3000 mètres positifs et 2620 négatifs (points de départ et d’arrivée différents) tout de même en 2 jours et demi !

Enfin nous atteignons la jeep qui va nous raccompagner à Sengiggi, ville côtière où nous dirons à nouveau au revoir à Fleur et Manu.

Nous trouvons rapidement un hôtel au prix raisonnable et disposant d’un atout majeur après 3 jours sans se laver : une superbe piscine ! On vous rassure on prend tout de même une douche avant de plonger avec délice dans l’eau de la piscine…

La piscine qui fait bien plaisir!
Une dernière soirée avec Fleur et Manu avec qui on se sent déjà comme entre vieux amis, partager le trek avec eux a ajouté au plaisir de l’expérience…

Pour conclure, le Rinjani s’est révélé mystérieux, impressionnant et souvent insaisissable : comme les deux femmes qui se combinent avec son nom, il présente de multiples facettes, sait être sombre et lumineux, en un mot c’est une star.

1 commentaire:

  1. Attention Cédric, il semblerait qu'il y ait des mecs en train de pisser dans la piscine (pas discrètement). Merci pour vos news!

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